Vous êtes ici : AccueilGEOLABActualités
- Séminaire,
Journée en Auvergne, « la biodiversité au cœur des collaborations chercheurs/gestionnaires »
du 12 juin 2023 au 16 juin 2023
MSH Clermont Amphi 219
Semaine « Ecologie – Environnement – Biodiversité » – CNRS INEE | Journée en Auvergne, « la biodiversité au cœur des collaborations chercheurs/gestionnaires »
Cet évènement avait pour but de faire connaître les recherches en écologie, environnement et biodiversité conduites dans les laboratoires du CNRS et de construire un dialogue autour des enjeux locaux.
Journée en Auvergne
Le mercredi 14 juin, une journée sur la thématique « La biodiversité au cœur des collaborations chercheurs/gestionnaires », qui a rassemblé une quarantaine de personnes, a été co-organisée par le Laboratoire Microorganismes : Génome Environnement (LMGE), le Laboratoire de Géographie Physique et Environnementale (GEOLAB), la Fédération des Recherches en Environnement (FRE) et l’UREP (INRAE), en partenariat avec le CBNMC, le CEN-Auvergne et le PNRVA, à la Maison des Sciences de l’Homme de Clermont-Ferrand.
Les intervenants : Agnès Mignot, Direction adjointe scientifique Écologie évolution et biodiversité CNRS-INEE- Irène Till-Bottraud, Directrice de Recherche au CNRS (GEOLAB) et Directrice de la Fédération des Recherches en Environnement, ,. - Pascal Carrere, Ingénieur de Recherche à INRAE (UREP), Directeur adjoint du Département Ecologie et Biodiversité INRAE - Nicolas Guillerme, Directeur du Conservatoire botanique national du Massif central (CBN) - Stéphane Cordonnier, Responsable technique et scientifique au Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne (CEN Auvergne) - Julien Pottier, Chargé de Recherches INRAE (UREP) - Nicolas Rodrigues, Chargé de mission “Solutions fondées sur la Nature” à l’UICN - Arnaud Piel, Directeur adjoint à l’Office Française de la Biodiversité (OFB) - Xavier Jaladon, Chargé de mission Natura 2000-ENS au Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne (PNRVA) - Vincent Breton, Directeur de Recherche au CNRS (LPC)- Delphine Latour, Professeure à l’Université Clermont Auvergne (LMGE) et directrice adjointe de la Fédération des Recherches en Environnement.
Retour sur la journée
L’ambition de la journée était de faire connaître les recherches en écologie, environnement et biodiversité portées par les laboratoires du DIPEE clermontois (LMGE, GEOLAB, FRE), et identifier les enjeux locaux liés aux questions scientifiques, aux besoins méthodologiques ou encore à la question de la gestion des espèces et des milieux.
La journée a combinée des présentations plénières et des ateliers réflexifs. Cette rencontre a débuté par la présentation d’un panorama des enjeux de recherche concernant la biodiversité à l’échelle globale, (Agnès Mignot, CNRS), complété par une présentation des travaux de recherche sur la biodiversité conduits par la FRE (Irène Till-Bottraud, FRE) et par le département scientifique Ecologie et Biodiversité de INRAE (Pascal Carrère, UREP).
Irène Till-Bottraud (CNRS) a continué avec une synthèse du rapport IPBES sur « le dangereux déclin de la nature » et l’impact incontestable de l’humanité sur la nature.
Deux autres exposés ont permis d’aborder « les solutions fondées sur la nature : un concept opérant pour le co-bénéfice de l’Homme et de la biodiversité » (Nicolas Rodrigues, UICN), et « le cadre réglementaire possible pour agir pour la biodiversité » (Arnaud Piel, OFB).
Pascal Carrere (INRAE) a conclu cette journée d’échange et de réflexion par une synthèse des propositions et idées qui sont ressorties et a ouvert sur de nouvelles perspectives.
Ce qui est ressorti des ateliers :
Atelier 1 « Biodiversité patrimoniale & biodiversité ordinaire - quels enjeux actuels ? »
Le premier atelier réflexif, animé par Nicolas Guillerme (CBN) et Irène Till Bottraud (CNRS), a questionné les participants sur leur propre définition de la « biodiversité patrimoniale » vs « biodiversité ordinaire », afin d’identifier les enjeux qui y sont liés et les outils réglementaires qui semblent les plus adaptés.
La biodiversité « patrimoniale » fait référence aux espèces rares et menacées, dans des milieux remarquables dans de nombreux cas. La biodiversité « ordinaire » n’a pas de statut réglementaire, elle regroupe les espèces communes mais qui ont un rôle dans la fonctionnalité des milieux dit ordinaires (banals), assure les services de production, d’entretien et de maintien de la résilience des milieux.
Au-delà de l’intérêt à « catégoriser » la biodiversité, différents points sont ressortis.
Tout d’abord, il est nécessaire de produire des connaissances solides pour faire progresser les bases juridiques. Pour cela, il faut documenter les préjudices écologiques subis par les écosystèmes sous l’action anthropique. Deuxièmement, suite à un débat sur l’interventionnisme et la libre évolution, il a été suggéré de développer des dispositifs (réseaux) pour évaluer l’apport des pratiques de gestion pour la préservation de la biodiversité.
De plus, afin de documenter le rôle fonctionnel de la biodiversité, la priorité a été donnée à la production d’indicateurs intégrateurs de la dimension patrimoniale et fonctionnelle pour mieux caractériser la « fonctionnalité des milieux » et la rendre opérante dans une optique de gestion.
Enfin, il est nécessaire de prendre en compte le droit d’option que constitue la diversité des ressources génétiques et donc d’intégrer la diversité intraspécifique dans les évaluations.
En complément de cela, différents aspects ont été recommandés, comme cibler le long terme, former et sensibiliser à la biodiversité dès le plus jeune âge tout en redonnant la curiosité et le goût de l’observation, mieux documenter la dynamique des populations, ainsi que respecter une obligation réelle environnementale (ORE) et la mise en place d'opération d’aménagement programmées (PLU).
Atelier 2 « Gérer pour conserver – quels besoins d’évaluation des mesures de gestion ? »
Durant le second atelier, animé par Stéphane Cordonnier (CEN auvergne), Julien Pottier (INRAE) et Pascal Carrere (INRAE), les intervenants se sont penchés sur la question de l’impact des choix de gestion.
Le débat sur la notion d’état de référence a permis de faire ressortir que dans la majorité des cas il renvoie à un état hypothétique : c’est l’état dans lequel l’écosystème serait sans activité humaine. Cette notion d’état de référence est peu utilisée car on ne sait pas “évaluer” ce vers quoi aurait évolué un écosystème s’il n’avait jamais été impacté par l’Homme, mais elle permet au gestionnaire de faire des choix en fonction d’un « état cible » (l'état à atteindre). L’état de référence constitue un état auquel se référer pour évaluer si les mesures de gestion appliquées vont dans le bon sens.
Le débat à rejoint les questions sur l’interventionnisme, la fonctionnalité des milieux et les espèces indicatrices abordées dans le premier atelier. La nécessité de travailler conjointement sur le concept de fonctionnalité pour permettre sa mise en opérationnalité par les gestionnaires
Les participants ont ensuite réfléchi à l’influence des choix de gestion sur la modification observée de l’état de l’écosystème et par quelles méthodes d’évaluation (synchronique / diachronique ; mono/multi critères) juger l'impact sur les écosystèmes.
Il est souhaitable de renforcer les mises en réseaux en faisant des connexions entre des projets locaux pour en tirer des réponses globales.
Atelier 3 « Développement méthodologique et monitoring de la biodiversité – quels besoins pour un suivi performant ? »
Cet atelier, animé par Xavier Jaladon (PNRVA), Vincent Breton (CNRS) et Delphine Latour (UCA), a amené des discussions autour des besoins, de la nature, de la qualité et de la quantité des variables mesurées, et le pas de temps pertinent de l’acquisition de ces paramètres.
Le suivi sur le long terme permet d’avoir des séries chronologiques longues afin d’identifier des tendances. Il faut adapter le suivi (fréquence) à la dynamique d’évolution de l’écosystème étudié.
D’abord, l’automatisation de la prise de données peut biaiser le résultat car il dépend de ce qui est inclus dans le logiciel de traitement. La qualité de l'intelligence artificielle dépend de la pertinence et de la qualité des données qui l'ont alimentée. Certes, le traitement automatique est utile, mais ce n’est pas suffisant. L’expertise et les compétences scientifiques sont indispensables dans le traitement des données.
Ensuite, il est important de développer des indicateurs de pression ou de vulnérabilité des écosystèmes.
Enfin, il est nécessaire de poursuivre l’effort et la réflexion en matière de partage des données en science ouverte. Lorsque les projets sont financés par de l’argent public, les données doivent être accessibles et sont donc versées sur des bases ouvertes. Cela permet de rendre accessible les données existantes pour « éviter de remesurer » ce qui a déjà été fait.