Adaptations gEnoMiques chez l’animal domestiqué : PRocessus de modelages complExes à l’Interface enTre Environnements et sociétéS AAP CNRS/ Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires : Adaptation du vivant à son environnement (2020-2021)
Dir. Aliènor Bertrand (ENS Lyon-IHRIM CNRS) avec Dominique Taurisson-Mouret (CNRS-Geolab Limoges) et Anne Da Silva (E2LIM, Université de Limoges)
Collaborateurs directs du projet : Pablo Vidal (Institut d'anthropologie de l'université de Valence, Espagne), François Pompanon (Laboratoire d'écologie alpine, CNRS)
Contact : Dominique Taurisson-Mouret@unilim.fr ; anne_dasilva@hotmail.com
Ce projet engage la philosophie à un travail épistémologique appliqué autour de la notion de « co-évolution », à l’interface de trois autres disciplines, la génétique, l’anthropologie et l’histoire. Il a pour objet l’étude des dynamiques adaptatives d’animaux domestiques, ovins et bovins. Au fil des millénaires, les groupes sociaux, les animaux domestiqués et les écosystèmes ont établi des relations singulières. Ces processus ont conduit à l’émergence de populations d'animaux adaptées à leur écosystème, soit au sens génétique, des races.
Via une méthode interdisciplinaire épistémologiquement étayée nous comparons (1) le niveau moléculaire – recherche de signatures de sélection de ces adaptations –, avec (2) les relations anthropologiques structurant les collectifs. Les conséquences des modernisations agricoles, en France et dans ses ex-colonies, sont étudiées en profondeur comme modèles des ruptures et continuités.
Cette méthode représente un changement de paradigme dans la mesure où elle considère les races d’ovins et caprins dans leur dimensions anthropologique et historique et non plus seulement génétique. Les premiers résultats obtenus permettent de démontrer :
(i) que les races locales d'ovins sont adaptées aux conditions de vie propres à leurs berceaux géographiques d’origine, où elles ont évolué sur plusieurs centaines d’années (voire des millénaires, si l’on considère les populations ancestrales dont elles découlent). Les modernisations agricoles ont bouleversé la distribution des troupeaux (avec des races qui peuvent se retrouver aujourd’hui à plusieurs centaines de kilomètres de leur berceau d’origine). C'est pourquoi, en corrélant les génomes et les conditions de vie enregistrées, non pas au niveau de la localisation GPS actuelle des animaux (comme habituellement) mais au niveau de leur berceau d’origine, on optimise la détection des signatures d’adaptation. (ii) Que l’inclusion des zones d’estive dans la définition des berceaux géographiques se révèle essentielle à la détection de ces signatures, et que la transhumance a été/est encore une force évolutive majeure à l’origine du modelage des génomes.
La compréhension des patterns d’adaptation ne peut donc être complètement efficace que si les races sont considérées via une approche intégrative, c’est à dire en tant qu’entités ayant co-évolué à l’interface de milieux et de sociétés données.
Ces travaux qui vont être étendus en 2021 aux races bovines traditionnelles délaissées, ont été proposés à la revue Molecular Ecology le 27 novembre 2020.